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Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov]

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Lukas

Lukas
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Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov] Vide
MessageSujet: Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov] Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov] EmptySam 25 Déc - 8:40

Cela faisait maintenant quelques jours que Lukas avait découvert que les flammes de l'enfer pouvaient le brûler. Il n'y avait jamais porté attention jadis, car cet endroit lugubre faisait partit de lui. C'était dans ce trou noir qu'il avait trouvé le réconfort qui lui a toujours glissé entre les doigts. Ce monde qu'il s'était lui-même créé, pour cacher la laideur du monde actuel dans lequel il était prisonnier. Oui, il y avait de quoi dire que le pauvre garçon était devenu aveugle face à la vraie beauté des choses. Tout lui paraissait triste, désagréable, sans couleur... Mais par un curieux hasard, cette vision sur la vie, ça le faisait rire. Pourquoi? Personne ne le sait. Cette couleur rouge qu'il faisait gicler autrefois constitue pour lui aujourd'hui, la plus belle des couleurs. Il aimerait bien en répandre dans ce monde qui en est dépourvu. Que ce soit sur les roses ou sur les visages qu'il a aimé par le passé.

Le gamin revête aujourd'hui une apparence pour le moins étrange. Elle projette de lui une image fragile, soumise et laide. En effet, il ressemble aujourd'hui à cette race si inférieure dans son estime. Ces bêtes qu'il n'a aimées que pour consumer leur vie à petit feu. Oui, celles-là. Les nekos. Il se fondait désormais au lot, comme s'il n'avait jamais été personne, car aux yeux de tous, il est aussi inintéressant que le reste. Le nouvel hybride aurait sans doute été horrifié de voir son nouveau reflet ainsi salir ses origines et son identité véritable. Celle qui polluait son sang noble. Mais comment démontre-t-il cette honte? Hé bien il fait comme d'habitude. Il s'en moque. Comment se soucier d'un tel détail insignifiant, lorsque l'on est assied au milieu de ce spectacle qui ne prendra jamais fin. Tous ces gens, ces marionnettes en mouvements, celles qui se croient au dessus de tout, qui se croient différentes et uniques, ça le faisait rire.

Au bout d'un moment, une odeur repoussante fut perçue par l'hybride à peine conscient. La senteur s'accumulait et accentuait le contraste entre les doux parfums récemment sentit dans un certain manoir. Cela le fit légèrement remuer. Lukas reconnu ces bruits, aussi lointains et nombreux qu'ils étaient. Ce dernier tenta à maintes reprises de relever la tête, hors, cette dernière lui semblait extrêmement lourde. Tel l'aurait été un énorme morceau de béton qui l'empêchait de se mouvoir. Un rictus énervé se traça donc sur ses lèvres closes. Il parut s'étirer en sortant le torse et en enfonçant ses coudes derrière lui, jusqu'à un croisement de mur glacé. Ses mains se plaquèrent sur le sol froid. Puis, d'une poussée lente et peu équilibrée, il se hissa en position assise en s'aidant de la pression que ses bras exerçaient sur la surface sur laquelle il se trouvait. Il ne bougea plus, se rapprochant doucement des bruits indescriptibles et sourds, ils parurent beaucoup plus audibles à présent. Il redressa la tête avec une certaine difficulté, puisqu'elle retomba aussitôt. Il se souvenait d'avoir été sujet à plusieurs calmants, beaucoup trop à son goût même. Il essayait tant bien que mal de s'extirper du sommeil lourd dont il avait été affligé, quand bien même cela demeurait difficile. Pendant que les détonations retentissaient toutes systématiquement, l'hybride ne bougeait pas, comme s'il prenait racine et s'adaptait à ces bruits. Soudain, il ouvrit ses yeux, d'abord d'un regard triste, désorienté. Puis, il releva la tête vers ce qui semblait être une lumière faible. L'adolescent se retrouvait contre des rayures froides. Sa vue était entravée par toutes ces lignes argentées. Il n'eu pas à revenir plusieurs fois sur la question pour comprendre qu'il s'agissait des barreaux d'une cage. Plus précisément, de cette même cage qu'il avait déjà visitée il y a quelques jours. Il regarda autour de lui, patient, fatigué même, puis, il se laissa retomber légèrement vers l'avant, signalant par le fait même la paresse. Le tout décoré d'un sourire ironique et amusé sur le visage. Sur l'instant, il laissa échapper un rire rauque plutôt court, le tout avec un manque cruel de subtilité. En effet, il était rare que le jeune noble applique la subtilité et la délicatesse à ses méthodes douteuses. Son exclamation pour le moins bruyante fit alors sursauter des clients près de la cage. Ceux-ci, sans doute effrayés, reculèrent, surpris d'entendre un tel bruit sinistre émaner d’un si petit corps. Certains étaient persuadés que l'hybride les regardait, mais il ne semblait même pas les voir. C'était étrange en fait, car ses yeux étaient lassés, mais on aurait dit que sa bouche, qui souriait d'un sourire dément, l'ignorait. Lorsque les gens furent assez loin, il toussota puis tourna la tête, cette fois en usant d'une expression faciale uniforme. Il semblait ennuyé. Vivement que ce soit un bon signe. Même si derrière les barreaux, il ne représente pas une grande menace, non?

Dans l'autre coin de la cage se trouvait un autre hybride. Était-ce un étranger? Mais non! C'était Zarmi. D'ailleurs, Lukas exprima un sourire satisfait en voyant son 'ami' dans la même galère que lui. Ce dernier était, comme la dernière fois, encore plus assommé que lui. Il s'installa à genoux près de lui et passa furtivement l'une de ses mains blanches au niveau de la nuque de l'hybride afin de vérifier si le petit objet brillant y était encore enfoncé. Il cherchait un couteau. Lukas tâta pendant une bonne minute, mais il ne trouva rien, si ce n'est qu'une plaie suffisamment creuse pour qu'il puisse déterminer sa position et sa longueur. Il chiala un court moment puis retira sa main, celle-ci était légèrement tâchée par du sang, en partit sec. Il essuya ces dernières sur Zarmov et s'écarta rapidement de ce dernier. Néanmoins, il semblait toujours aussi endormi et absent qu'au départ.

Lukas se retrouvait donc sans arme. Cela lui évoquait une tournure différente des évènements. Son regard, indescriptible et étonnamment sérieux scruta chaque personne. Vu la réaction des personnes visées, il était aisé de penser que le regard de l'hybride ensanglanté semblait de mauvais augure, voir même satanique. Surtout lorsque une idée, une seule idée aux teintes noircies par la démence lui traversait l'esprit, il suffisait de voir son visage pour le savoir. Ses lèvres blanches s'étiraient en un sourire excessif, ses pupilles devenaient plus petite et la couleur rougeâtre de ses iris plus révélatrice.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que le petit hybride ne bouge à nouveau. Lukas cherchait un objet. Étant donné qu'il n'avait pas suffisamment d'espace pour bouger, il voulait saisir quelque chose. Il regarda Zarmov, lui tira la langue, même s'il dormait encore et se jeta sur l'extrémité gauche de la cage comme un sauvage, étirant le bras hors de celle-ci pour se cramponner à la queue féline et velue du neko voisin qui le dévisagea avant de paniquer. Lukas tira de son bord pendant que l'autre neko faisait de même. Le gamin aux cheveux ébène et aux yeux rouges commençait à faire baver le second être, car il essayait de faire un nœud avec la queue féline autour d'un des barreaux. Cela n'eut pas lieux, car l'un des vendeurs (différent du précédent), intervint et sépara les deux hybrides. Il fut contraint d'éloigner les deux cages et avança celle de Zarmov et Lukas, de manière à ce que ni l'un ni l'autre ne puisse continuer ce genre de jeu.
Le vendeur, visiblement mal à l'aise, rappela à Lukas qu'il avait déjà un compagnon de 'cellule' et que s'il voulait jouer, qu'il s'en prenne à lui et non aux autres. Lukas le regarda en hochant la tête, avec une allure sérieuse. Puis, il éclata de rire, d'un rire agressant qui lui enlevait toute naïveté. Lukas n'était pas en mesure de se séparer de ses vieilles habitudes, surtout dans un tel endroit qui lui était plus que familier. Il se calma finalement, soupira d'une voix tendre, presqu'amoureuse et s'écrasa au fond de la cage, y collant son oreille humaine, comme s'il écoutait quelqu'un de l'autre côté. Il souria doucement. On aurait dit que ce n'était pas le même hybride que le précédent, qui semblait moqueur et qui riait sans raison. Le nouveau non plus ne semblait pas avoir une grande sagesse, mais il semblait plus calme, heureusement. Bien qu'il ne pouvait retenir un gloussement amusé, heureux.

«Tu as vu Stella? Tu as vu ces idiots?» Ricana-t-il dans son coin avec un regard mielleux.

Le gamin semblait presqu'endormi tellement il arborait une apparence sereine et calme. Sans doute se serait-il mis à ronronner s'il était un vrai neko. Il demeura dans cette position pendant longtemps, s'agrippant parfois aux barreaux avec extase en mordillant sa lèvre inférieure. On aurait dit qu'il entendait quelque chose de très drôle, mais il n'y avait rien de l'autre côté de ce mur de barreaux en métal. Il riait silencieusement par moment, mais ce n'était rien à comparé à la dernière fois. Cela ressemblait d'avantage à un rire timide, mais ce dernier ne s'adressait à personne. Il semblerait que personne n'était assez important et digne pour qu'il daigne leur parler directement. Lui, qui était un maître redoutable, était entouré de part et d'autre de toutes ces créatures qu'il voulait faire saigner. Lukas était dans un étrange état de joie béante et d'une profonde colère. Ni l'un ni l'autre était cependant apparent, puisqu'il semblait désormais reposé, comme si l'effet des calmants était revenue, mais moins puissante qu'avant. Encore lui arrivait-il de murmurer et de parler à cette fameuse 'Stella'. Les clients n'étaient pas nombreux à s'aventurer près de la cage. La voix aux abords moqueuse du plus petit hybride les insultait, quand bien même il ne savait pas que ces gens existaient. Leur présence ne valait rien, il n'avait pas besoin de les voir.
Malgré le bruit ambiant des animaux et des gens, Lukas semblait absent. Sans doute aurait-il préféré se trouver ailleurs que dans cette même cage. Il écoutait ces adultes d'une oreille à peine attentive,
en se remémorant un groupe de grandes personnes qu'il avait déjà vu dans son enfance. Dans le temps, il était intégralement un humain, autant pour lui que pour les autres.

Lukas n'a jamais supporté, même jeune, de se faire regarder de haut. Il n'a cependant jamais eu l'autorité envers les grands... Il avait beau faire l'impossible, personne ne lui portait d'attention sincère. Souvent, il s'agissait d'une main dans les cheveux et d'un bref regard menteur, un regard qui te dit «C'est bon je t'ais vu, maintenant tais-toi!». Mais que pouvait-il y comprendre? Lukas était un enfant. Les adultes et les enfants ne peuvent pas se comprendre. C'était exactement comme ça que Lukas se sentait la plupart du temps, même aujourd'hui. Il est un enfant entouré d'adultes qui ne comprennent rien. Hors, le gamin, désormais neko, ne voit pas les choses ainsi. Il n'a rien à voir avec ces pantins, il l'accorde, mais il n'est pas moins important qu'eux. Si la plus belle des choses ayant existé dans cet univers l'a aimé, alors les autres ne valent plus rien. Car il a, de par les souvenirs, possédé quelque chose que personne n'aura jamais. Du moins, c'est ce qu'il prétend. Et à son insu, sa tristesse et sa démence voilent la réalité sur ces doux souvenirs, car pour Lukas, tout est d'actualité. Voyez-le, il parle encore avec Stella, car elle est là, oui oui.
Dans le flot des paroles à voix basses et de l'extase indescriptible, Lukas commençait, au fur et à mesure, à prendre de la place dans la minuscule cage. En effet, son voisin n'était pas ce qui semblait l'intéresser à ce moment précis. Il étirait ses jambes de long en large comme s'il était seul. Parfois une main lui partait toute seule, manquant presque de frapper l'autre, avant de revenir se cramponner aux barreaux. Cela continua comme tel un bref instant. Assez pour que tout le monde l'ait remarqué au moins une fois. Lukas véhiculait l'image d'une petite bête bien inoffensive qui cherchait à jouer, à tuer le temps. Il était bien plus beau à regarder dans son état de joie extrême que dans ces instants de folie. La porte qui s'ouvrait et se refermait laissait passer dans l'animalerie un souffle frais qui diluait l'odeur des animaux. Lukas aimait bien ce vent, car il avait l'impression d'être dehors. Il cessa finalement de parler dans le vide et soupira bruyamment, quoi que son sourire demeurait toujours visible et bien ancré sur ses lèvres fines. À quoi pouvait-il jouer maintenant?


Dernière édition par Lukas le Lun 21 Fév - 5:31, édité 1 fois
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Zarmov

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MessageSujet: Re: Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov] Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov] EmptyDim 26 Déc - 19:08

Ding. Un tintement, un sifflement, un grincement puis un râlement. Il soupira dans son sommeil artificiel, une longue expiration comme s'il voulait sortir toute l'air de ses poumons. Mais il reprit son souffle silencieusement, pour entendre autre chose que lui. Oui, il était le centre d'attention, il aimait bien, mais en fait, il préférait aimer qu'être aimé. Et ce qu'il aimait présentement le rendait heureux, entendre ce qui l'entourait. Non, ce n'était pas comme l'enivrante sensation de la colère ou de la haine, c'était plus une simple brise qui passait furtivement sur sa joue, la caresse d'un vent invisible, une présence invisible. Seules ses oreilles qui s'agitaient en tous sens pouvaient capter cette mélodie. Oui ? L'entendez-vous ? Oui, comme une berceuse, le sommeil est bien doucereux, un peu comme le lit d'une rivière. Un peu froid, mais qu'est-ce que le froid lorsqu'on flotte ? Qu'est-ce que la douleur lorsqu'on aime ? Qu'est-ce que le bonheur lorsqu'on hait ? Mais en fait, qu'est-ce que la musique ? Des sons provoqués par des instruments, des cordes, des tambours ? De la peau d'animaux tannée et tirée, des ficelles qui, une fois effleurée, frappent d'autres cordes et, Ding ! Non, ce n'est pas de la musique, c'est une note. Mais si vous effleurez davantage ces ficelles, il y a toute une panoplie de notes, ce qui fait un tas de notes. Mais on appelle ça couramment de la musique. Mais c'est si bon, si bien, en fait, pas la musique entant que tel. Plus sentir le bois vibrer à travers l'air qui s'agite, sentir la douceur des cordages qui se frappent, entendre le vrombissement qui s'éternise. Et si, oui, et si ces touches, claires et noires, se chargent de rouge ? Et si, seulement si, une personne hurle son désespoir à travers ces notes ? Est-ce de la musique ? Je le crains. Même les hurlements des loups est une mélodie, une sinistre mélodie.

Oui, c'est froid, et pourtant, ça le brûle. Il râla, mais ne bougea pas. Il ne fit que râler, oui, il râla comme s'il faisait un mauvais cauchemar, un peu comme un simple soupir, un peu doux même, un peu triste. Une main tâta son dos, à la recherche de sa flèche d'exorcisme, mais il ne la sentit presque pas. La goutte d'eau qui tombe dans l'océan, provoque-t-elle un ouragan ? Non, elle ne fait qu'ondoyer doucement puis disparaître. Cette douleur fit alors de même. Ses longs cils noirs battirent un peu, puis révélèrent deux orbes rouge sang. Ses pupilles s'habituèrent un peu à la lumière, le brûlèrent un peu, puis se refermèrent, comme si elles étaient fatiguées de ce qu'elles venaient de voir. Un soupir accompagna d'autres souffles dont l'air manquait à la vie. Il cligna plusieurs fois des yeux puis se résolut à se rendormir. Ses pensées étaient floues. Malgré son air serein, il se sentait assez mal lorsqu'il ne se concentrait pas à quelque chose, comme si un malaise le prenait. Comme dans un mauvais rêve, des images sans sens à première vue essayaient de mettre un lien entre-eux en se bousculant dans son esprit. Pourquoi lutter en fait ? Lutter pour soi ou pour les autres ? Mais en fait, cela revenait au même, car on se bat. Il luttait pour lui, contre lui, tout au fond. Peut-être cela transparaissait mal à l'extérieur de lui, comme une mauvaise image qu'il projetterait, mais pour le moment, il avait, étrangement, arrêté de lutter, en contraire à ses habitudes. Et si c'était lui-même qui s'opposait ? Ses pensées étaient floues et, malgré les mauvais souvenirs que ça ramenait chez lui, le rendaient plus sereins, hors de tous efforts, hors de tout temps ni émotions ni objectifs. C'était donc peut-être ça, le sommeil.

Un grand cri retentit et résonna au loin en un écho lugubre. Une jeune fille lui sourit tristement et serra l'objet brillant entre ses doigts, un objet argenté qui le brûlait comme le feu et qui étincelait comme un joyau. Zarmov soupira presque doucement, à la manière de quelqu'un qui se réveille au milieu de couvertures bien chaudes, de façon à projeter une image presque bien heureuse. Ses prunelles écarlates se dévoilèrent lentement et un sourire de crocs bien blancs brilla un peu sous les néons, on aurait dis que personne n'avait vu cette fille ni entendu ce hurlement. Néanmoins, oui, il était ce qu'on pourrait dire content, dans son langage, l'opinion des autres l'importait peu. Il aimait bien cette jeune fille, elle était à la fois forte et faible. Ce qui devait normalement lui faire peur ne l'intéressait même pas et ce qu'elle devait aimer, elle repoussait presque avec horreur. Et c'en était très divertissant. C'était bien drôle même. Hm, non. Ça avait été bien drôle. Maintenant, c'était finis. Il huma l'air comme un chien de chasse et l'odeur du métal, de pâté et d'animaux vinrent tout de suite passer leurs effluves sous son nez. Une ambiance lugubre, sombre, les bruits des ventilateurs et des néons, des pas et des voix, l'argent qui roule sur les comptoirs et les grondements de petites bêtes mécontentes, mais surtout, une lumière tamisée par des colonnes de fer et des murs brillants qui ne lui laissaient pas réellement de place. Zarmov soupira de manière très ennuyée, comme s'il avait l'habitude ou bien, peut-être les médicaments qu'on lui avait donné l'avait laissé dans un brouillard un peu épais. Il avança sa main a la manière d'un mort et toucha un des barreaux pour s'assurer de son existence. Sa froideur le laissa tremblant, il retira donc ses doigts avec vitesse. Il était donc bel et bien enfermé. Et... Cela le paniquait étrangement. Il ne pouvait donc plus sortir, c'était terminé, pogné dans un trou à rat. On allait rire de lui tous les jours, il ne pourrait pas se nourrir convenablement, dormir convenablement, mais surtout, il n'aurait pas la chance de se défouler sur quelque chose qui gémirait sous les coups. Mais en très bref, il n'était pas non plus dans un riche manoir avec une maîtresse faiblarde qui lui donnait nourriture et toit, malgré que parfois, elle était source de divertissement. Comme atteint mentalement, il rit très brièvement puis se jeta à genoux pour forcer les barreaux comme un damné avec son épaule. Bang ! Le son résonna parmi tous les autres bruits, mais ne sembla pas indisposer personne. La grille grinça et se secoua, mais n'en fit pas plus, elle retomba doucement lorsqu'il s'écrasa contre le sol glacial comme une peluche. Le feu qui animait il y a quelques minutes ses muscles lui monta à la cervelle et le rendit rageur. Il frappa plusieurs fois la grille, mais on ne put dire si c'était par colère ou par dernier salut. Néanmoins, il resta silencieux, s'accroupit comme s'il avait tout son temps - ce qui était a peu près le cas - et fixa chaque personne avec un regard de tueur, comme s'il apposait sa malédiction sur chacun d'entre eux, comme quoi ils allaient tous y passer. Il les détestait, tous ! Ils marchaient sans le regarder, comme si le monde les suivait, comme si ce n'était pas le contraire, l'idée de semblait même pas effleurer leurs esprits restreins. Certains, oui, certains lui jetaient un coup d'œil, accéléraient le pas ou lui faisaient une moue arrogante, ce que les humains appelaient familièrement une grimace. Et donc, c'est ce qu'un jeune garçon richement habillé fit, il lui fit une grimace, comme quoi il lui rappelait qu'il était à l'extérieur et lui, à l'intérieur. L'air apathique, comme dépassé, Zarmov frappa contre la grille en grondant comme un chat sauvage et cracha sur le pied du gamin. Lorsque l'enfant fut partis, le grand nekos regarda en vitesse sa main, comme s'il s'était retenus de la regarder. Non, il n'était pas ce qu'on appelait orgueilleux, c'était plus par la peur de voir quelque chose arriver. Ça arrivait, quelque fois, de voir l'événement s'approcher et avoir le cœur qui se débat, malgré qu'on y est préparé. Cela s'appelle avoir peur de l'imprévisible, mais vu que Zarmov aimait l'imprévisible, on put donc en conclure que c'était plus par l'excitation d'une déroute du programme, qui n'eut pas lieu, en passant. Ses yeux se plissèrent avec ennuis. C'était donc ça, l'art d'être maladroit. Sa main d'où deux doigts manquait lui faisait atrocement mal, comme si la douleur s'amusait à lui rouler dessus plusieurs fois, juste pour s'amuser. Comme la dernière fois, celle-ci était bandée d'un pansement blanc, légèrement teinté de rouge. Pas encore guéris celle-là, ni même cousue. Même sa bague était tachée, comme quoi il allait se vider de son sang. Ça ne pouvait pas être pire.

Huhuhu. C'est ce qu'il entendit, c'est ce qui retentit de manière sulfureuse et doucereuse. Ce son familier, effrayamment familier, résonnait à son esprit comme un rire sinistre, mais pas n'importe lequel, Le rire sinistre, aussi malheureux soit-il de l'avoir reconnus. Ses oreilles félines se rabattirent sur le coup puis s'agitèrent, comme si elles recherchaient l'ennemis. Zarmov se tourna lentement en faisant pivoter le plus possible son corps pour éviter de bouger ses épaules et donc, sa blessure, et poussa un grondement au passage, sa queue féline fouettant violement l'air. On ne put cependant pas dire si c'était qu'il se doutait de ce qu'il allait voir ou bien par la douleur qui déchirait sa nuque, une longue et profonde coupure, rendant difficile ses mouvements. Néanmoins, c'était presque un peu des deux, car il s'amplifia lorsqu'à sa vue, un petit garçon apparut. Un petit garçon aux oreilles félines asymétriques, à la queue de chat presque plantée dans son derrière, un nekos laid donc. Mais c'est qu'il avait l'air aussi très imbécile, avec son visage béat, sa position presque peluche et son grand sourire innocent, comme si quelque chose de drôle venait de se produire. Or, ils étaient dans une animalerie puante ou des nekos se plaignaient. Il n'y avait, en fait, pas vraiment de choses dites divertissantes. Zarmov le fixa une bonne seconde comme s'il était un parfait énergumène inconnu. Mais le vrai problème était : Pourquoi était-il dans la même cage que lui ? Pourquoi malgré toutes les autres cages où des nekos faiblards dormaient, pourquoi cet imbécile était avec lui ? Et pourquoi n'avait-il pas été abattus ? Un fou pareil, il n'aurait jamais cru qu'il aurait pu survivre. Mais, en fait, il ne le considérait pas comme un fou, c'était plus un enfant écervelé qui courait partout avec un couteau en riant, s'amusant a s'inventer un langage et a l'appeler Zarmi. Mais bon, pour faire plus court, c'était un fou. Bref, suite a la désastreuse nouvelle, ses mains se mirent à trembler sous la rage. Oui, tout ce qui avait la chance d'être considéré comme énervant, ennuyeux, bruyant, puant, dérangeant, répétitif, routinier, silencieux, tonitruant et j'en passe, avait la joyeuse possibilité d'être éliminé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, malgré que tout bon tortuaire ne tue pas trop vite. Néanmoins, oui, Zarmov était le genre de personne colérique qui attendait la moindre déroge pour avoir la possibilité, un peu la vérité et la raison, de se défouler sur quelqu'un. Et donc, Lukas était tout ce qui pouvait l'énerver en une année, et donc, un cauchemar. Un cauchemar qui était a coté de lui a le dévisager de ses yeux de rat, un grand sourire aux lèvres. Bref, le grand nekos frappa violement le mur de sa bonne main, la droite donc, au point que la grille de la cage se secoua un peu et qu'on puisse sentir les vrombissements encore longtemps. Bien sûr, il aurait pu lui envoyer son poing dans la figure pour sentir tous ses os craquer joyeusement, oui, mais en fait, il voulait le garder vivant pour le moment. Malgré qu'il soit énervant et particulièrement atteint d'une difformité physique sur le gène nekos, Lukas avait beaucoup plus l'air d'un enfant que lui et puisqu'il savait que les gens étaient plus attirés par un gamin, le fou était sa meilleure idée du moment - La suivante étant de forcer la grille jusqu'a temps qu'elle se torde. Bref, dans l'état qu'il était avec ses deux blessures et complètement a bout de nerfs, il était difficile pour lui de réfléchir convenablement. Zarmov s'approcha alors comme un chat, rapidement et furtivement, et lui enfonça son avant-bras dans la gorge, bloquant la tête de Lukas dans un coin. Néanmoins, il ne força pas trop. Non pas dans le but de ne pas l'étrangler et de le faire vivre un peu plus longtemps, mais bien car il savait que c'était complètement inutile de le torturer. Juste entendre encore son rire niais le dépassait, et donc, il ne forçait pas les choses. Il le regarda alors intensément, pour être certain que l'information se rende a la cervelle de Lukas qui semblait complètement dans les vapes.

" - Je vais mettre les choses au clair. Vu qu'on est vendus ensemble, je te conseille d'arrêter de faire le fou et d'attirer les humains, sinon on croupira ici pour une éternité et je te le dis, je vais m'ennuyer. "

Sur ce, Zarmov lui sourit de manière presque effrayante, mais c'était plus car il était heureux que pour lui faire peur. Il ne s'acharnait désormais plus sur Lukas, malgré que l'envie n'était pas ça qui manquait. Bref, il gronda comme en avertissement et lécha ses crocs. S'ils n'étaient pas vendus, il n'allait pas se retenir de lui tordre le cou. Il se recula un peu, les oreilles mi-aplaties, un peu en une expression a la fois prudente et assurée. En fait, Lukas n'était pas bien grand ni bien fort à coté de lui. Le grand nekos le classait même sous la moyenne, comme quoi il était petit et faible de nature, malgré qu'il lui semblait que Lukas n'avait aucune sensibilité à la douleur physique. Sur ce, Zarmov s'assied et inspecta sa blessure à la nuque. Malgré qu'il sentait ses dimensions à chacun de ses mouvements, la voir était un peu par curiosité. La blessure en question était assez difficile à voir, étant plus dans son dos qu'autre chose. Elle était pansée par un bandage blanc et quelques rubans pour le fixer, sans plus. On pouvait la voir à travers une coupure dans ses vêtements. Saleté de nekos difforme ! Malgré qu'il rageait sur son sort, le grand nekos était quand même heureux qu'ils ne l'aient pas abattus, comme quoi il était une marchandise abîmée. Marchandise. Il frissonna. Il était donc vendus comme un objet et il le savait. Pourquoi cela l'étonnait-il encore ? Les humains étaient comme ça, ils prenaient puis jetaient sans soucis. Ses prunelles rouge sang virèrent sur Lukas. C'était de sa faute s'il était là ! Était-il vraiment nécessaire de courir partout avec un couteau de 30cm ? Ne pouvait-il juste pas avoir un minimum de discrétion pour fuir ? D'abord, qui lui avait donné une arme pareille à un imbécile pareil ? Depuis maintenant de bonnes secondes, Zarmov fixait Lukas avec la nette impression qu'il allait le tuer. On ne put par contre pas dire si cette envie venait du silence qui s'abattait sur l'animalerie ou bien parce qu'il était réellement rageur. Encore, peut-être un peu des deux. Le bruit des ventilateurs et le vrombissement des néons lui parurent alors insupportables, comme quoi il se sentait extrêmement seul, extrêmement vide, seul avec des émotions, des pensées et des images terrifiantes. Zarmov secoua alors encore la grille, plus pour faire du bruit que pour attirer l'attention, quoi que ça revenait aux deux. Comme agacé, le grand nekos prit distraitement une croquette au sol et la lança dans l'œil de Lukas, l'air plus bête qu'avant.

" - C'est ta faute, imbécile. Le couteau, la perte du manoir et cette foutue animalerie !! "

Sur ce, Zarmov se jeta sur le petit nekos et lui plongea la tête dans la gamelle d'eau avec la ferme intention de l'y noyer. Même encore, il avait comme le léger pressentiment que ça n'allait pas achever cette bêbête prête pour l'asile. Donc il ne fit que s'appuyer contre le dos de Lukas pour y mettre son poids. Néanmoins, ce nekos ne l'amusait plus. Pas pour l'instant. Des bruits de pas résonnèrent et déployèrent une vibration dans le sol. Ces humains, il ne voulait plus les voir ! Aucun ! Que ce soit un employé, un passant ou un potentiel maître, il allait vraiment péter une crise. Comme si tout le malheur du monde reposait sur cet être, Zarmov passa sa main à travers un des coins relevés dans la grille et attrapa la cheville de l'humain. Bien sûr, avant de perdre sa main, le grand nekos tira dessus dans le but de voir cet humain s'affaler au sol, retomber de son piédestal qu'il affectionnait tant pour regarder tout le monde de haut. Avec le visage d'un enfant content de son coup, Zarmov sourit de toutes ses dents et lui lança sa gamelle de croquettes en grondant. Néanmoins, une brise fraîche suffit à le calmer avant qu'il tire l'humain dans la cage par un trou trop petit. La porte s'était coincée et il pouvait entendre tous les sons qui s'en échappaient. Du son des chaussures qui raclent le sol aux vrombissements de moteurs. Il se calma donc se mit à faire des dessins sur le plancher de sa cage avec le sang qui s'écoulait de sa main blessée. Quoi de mieux à faire en fait.
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Chaînes [PV: Elizabeth, Zarmov]

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